Le mouton a peur du changement. Il en va de même pour l’être l’humain qui, comme tout organisme vivant, recherche l’homéostasie et essaye de rester dans sa petite zone de confort. Ainsi, quand apparaît le grand méchant loup Bart De Wever et sa nouvelle meute, les Francophones tremblent en priant pour que rien ne change. On se rassure cependant en observant qu’en dehors de la N-VA, il y a peu de têtes nouvelles. Il ne devrait donc pas avoir de grand changement. Ouf !
J’estime - au contraire - que le pire pour notre avenir et celui de nos enfants est l’immobilisme politique (accompagné de ces habituels compromis à la belge qui accouchent de demi-mesures tiédasses). Je crois qu’il existe d’excellentes idées politiques à droite et à gauche pour surmonter la crise. De très néfastes aussi. Mais pour savoir si elles sont bonnes ou mauvaises au moins faut-il les mettre en œuvre. Oser de nouvelles pistes pour nous sortir du terrible marasme qui englue l’Europe.
Prenons pour exemple le prolongement de l’âge de la retraite jusqu’à 67 ans. Apparemment, une des seules décisions du nouveau gouvernement un peu audacieuse. Reconnaissons qu’avec l’augmentation de l’espérance de vie et le coût exponentiel des soins de santé aux personnes âgées, le système actuel n’est plus tenable. Par contre, on ne voit pas bien comment retarder les départs à la retraite améliorera le scandale du chômage des jeunes ? Ni celui des plus de 50 ans à qui on dit qu’ils sont trop vieux pour retrouver un emploi. Est-il pertinent de demander à une infirmière de soulever des malades à 66 ans ou à un ardoisier de grimper sur une toiture après 65 ans ? Et s’ils tombent en invalidité, le coût sera encore plus élevé pour la société. A contrario, c’est absurde d’obliger au départ à la retraite des gens en pleine santé qui adorent leur travail et qui risquent de déprimer par oisiveté. Pourquoi ne pas proposer un départ à la retraite flexible avec des conditions financières aussi flexibles ? Nous n’avons pas tous la même santé, les mêmes besoins et les mêmes envies à 67 ans. Le départ à la retraite devrait être décidé au cas par cas, en fonction d’une évaluation psycho-médicale (capacité corporelle et intellectuelle du travailleur) et ergonomique (pénibilité physique ou mentale de la tâche à effectuer). On pourrait aussi proposer dès 60 ans un passage à mi-temps en offrant l’autre mi-temps à un jeune en apprentissage qui bénéficierait de l’expérience de l’ancien. Des emplois plus "administratifs" et moins "physiques" devraient être réservés dans la fonction publique aux plus de 50 ans. Ceux et celles qui ont consacrés leur jeunesse à des métiers dangereux et pénibles y auraient un accès prioritaire. Il est également normal que l’on tienne compte de la durée de cotisation pour le départ à la retraite. Il ne serait pas non plus absurde de proposer aux retraités en bonne santé, tout comme aux chômeurs de longue durée, d’effectuer des activités d’intérêt général (garde d’enfants, surveillance des accès des écoles, entretien des espaces verts, etc.). Ils se sentiraient utiles et toucheraient pour cela de petites primes supplémentaires. Idées qui semblent d’ailleurs germer parmi certains conseillers du nouveau gouvernement. Mais qui sont déjà condamnées à l’avance au nom de l’immobilisme et de cette fâcheuse habitude de critiquer à l’avance tout ce que fait le camp politique adverse. Je n’ai pas d’affinité pour Bart de Wever et ses alliés, mais je crois que nous devons laisser au nouveau gouvernement l’occasion d’initier un vrai changement. A nous de juger ensuite s’il est bon ou mauvais. Mais rien ne vous oblige à penser comme moi …