Il y a 20 ans débutait ce que l’on nomma l’affaire Dutroux. L’immense émotion suscitée par ces horribles crimes d’enfants a entraîné diverses réformes de la police et de la justice. Dans la foulée, il y eut aussi des dérives. Ainsi apparut une utilisation abusive d’accusation de «pédophilie» à l’encontre des pères dans le cas de divorce. Dans les milieux juridiques, on sait qu’avec certains juges bien connus, il suffit de simplement accuser son ex-mari d’attouchement sexuel sur les enfants pour que l‘homme soit systématiquement condamné. En même temps, les véritables délinquants sexuels, connus pour des actes avérés sur des enfants, ne reçoivent généralement pas le moindre traitement sexologique durant leur séjour en prison. Heureusement, des services spécialisés à Bruxelles et en Wallonie effectuaient un remarquable travail de suivi et de thérapie auprès des abuseurs sexuels en dehors du milieu carcéral.
Je parle à l’imparfait car le ministre de la justice au Fédéral veut diminuer les subsides octroyés au Centre d’Appui Bruxellois (CAB) pour l’orientation et l’évaluation des délinquants sexuels. L’obligeant à fermer ses portes et à laisser sans aucun suivi près de 300 délinquants sexuels dont on sait clairement qu’une partie d’entre eux récidivera. Quant aux services équivalents en Wallonie, le gouvernement wallon est aussi en train de rogner leurs budgets. A cause de ces économies de bouts de chandelles les abuseurs d’enfants seront désormais relâchés au terme de leur peine sans traitement. Il est vrai que la pensée unique populaire et simpliste veut que la pédophile soit une "maladie inguérissable". La seule solution serait donc l’emprisonnement à vie. C’est peut-être vrai pour les violeurs d’enfants psychopathes. Mais, ces prédateurs incurables ne sont qu’une infime minorité des délinquants sexuels. La majorité des pédophiles sont des hommes sexuellement dysfonctionnels qu’il est possible de traiter efficacement afin de modifier leurs comportements sexuels. Et ainsi diminuer le risque de récidive. Il n’est évidemment pas très populaire électoralement parlant, de donner de l’argent public pour s’occuper des délinquants sexuels. Ainsi, plusieurs collègues et moi-même nous sommes vus refuser systématiquement le financement public de projets de recherches scientifiques et cliniques sur le traitement ou la prévention de la pédosexualité. Les juristes, policiers, agents pénitentiaires ou autres intervenants médico-sociaux qui veulent suivre une formation universitaire sur les questions d’abus sexuels éprouvent les pires difficultés à se faire aider financièrement. Or, à chaque délinquant sexuel que l’on aide à ne pas recommencer correspond au moins un enfant qui ne sera pas abusé par un récidiviste. Traiter les abuseurs signifie clairement réduire les abus sexuels sur les enfants. Personnellement, je peux comprendre que la société n’est pas responsable des déviances sexuelles de certains. Mais je ne peux tolérer que des abuseurs sexuels - connus et condamnés - récidivent parce que nos gouvernants font disparaître les services appropriés. Le salaire faramineux que l’Etat octroie actuellement à un seul PDG d’une entreprise publique suffirait à payer l’ensemble des psychologues, sexologues et autres professionnels nécessaires au suivi de tous les délinquants sexuels connus. J’ai honte de vivre dans un pays où l’on trouve largement de quoi payer grassement les grands patrons du public, mais où l’argent manque pour éviter que des enfants se fassent violer par des récidivistes. Mais rien ne vous oblige à penser comme moi…