Il y a exactement 20 ans, le discours politiquement correct applaudissait la fin du service militaire obligatoire. Il est vrai que ce système essoufflé était loin d’être idéal. On y acquérait parfois de bien mauvaises habitudes, comme de fumer et boire plus que de raison. Des jeunes plus fragiles y étaient victime de maltraitance. De plus, n’étant obligatoire que pour les garçons, le service militaire créait une inégalité de fait. Ce système possédait pourtant des avantages dont nous aurions grandement besoin aujourd’hui. Il brassait des jeunes de toutes origines, toutes croyances, toutes classes sociales confondues. Il les rassemblait sous le même drapeau et le même uniforme avec un but commun: défendre notre démocratie. A l’armée, la couleur du béret avait plus d’importance que la couleur de peau et la fraternité militaire était plus forte que la communauté ethnico-religieuse.
Aujourd’hui, dans les écoles, les enseignants font des efforts remarquables pour encourager le "vivre ensemble". Hélas, submergés par un nombre croissant d’individus moins soucieux d’intégration et davantage attirés par l’intégrisme, ils y arrivent plus difficilement. Comme le montre le terrible constat du harcèlement des jeunes belges juifs obligés de fuir certaines écoles ou d’éviter des quartiers et des lignes de métro. Sans que cela ne suscite grand émoi, alors que nous devrions en être horrifiés. Voilà où nous ont conduits l’angélisme, le communautarisme et le clientélisme électoral de certains partis. De nouvelles générations grandissent dans la méconnaissance, la défiance et parfois la haine de l’autre. Et arrêtons de dire que c’est la faute à la crise, la faute au chômage, la faute aux politiciens, la faute aux "nouveaux" immigrés ou la faute aux "anciens" Belges. Ne cherchons pas à blâmer l’un ou l’autre mais trouvons des solutions.
Nous avons un besoin urgentissime de créer un service civique d’intégration sociale. Ce service serait obligatoire pour tous les jeunes de 18 ans (garçon et fille) vivant en Belgique (sans exception ou passe-droit). Ces jeunes devraient consacrer une année de leur vie au service du pays. Apprendre qu’ils n’ont pas que des droits mais aussi des devoirs. Certains pourraient volontairement choisir une version militaire de ce service. Ils accompagneraient les soldats professionnels dans leurs missions à l’étranger ou dans la protection des points sensibles de notre pays. D’autres jeunes pourraient librement choisir un service civil où ils travailleraient dans des organismes sociaux, des maisons de retraite, des réserves naturelles, etc. Ils œuvreraient en équipes mixtes en apprenant à connaître et apprécier leurs camarades de toutes origines sociales et culturelles. Les jeunes seraient envoyés aléatoirement aux quatre coins du pays pour y être mélangés. Les rejetons des riches travailleraient coude à coude avec les enfants des pauvres. L’uniforme serait le même pour tous avec un drapeau belge sur la manche gauche et un drapeau européen sur la manche droite. Ils vivraient un an loin de leur milieu d’origine et des préjugés qui y sont véhiculés. Outre une précieuse expérience professionnelle (contribuant à diminuer le chômage), ils y apprendraient à aider bénévolement leur prochain et à pratiquer un sport quotidiennement (diminution de l’obésité). Ils seraient formés à l’autonomie, à l’esprit coopératif et encouragés à lancer des projets de microentreprises. Ils suivraient aussi des cours d’éducation civique où on leur enseignerait la tolérance religieuse, l’égalité des droits (y compris homme-femmes), et surtout la fierté de vivre ensemble dans un pays libre, tolérant et démocratique. Mais rien ne vous oblige à penser comme moi …