Le coût des allocations de chômage s’élève à près de 7 milliards d’euros par an en Belgique. Il est supporté par les travailleurs actifs dont chacun paie plus de 1.300 euros par an en solidarité avec une personne sans emploi . Ce sujet sensible est trop souvent débattu par les politiques de façon caricaturale. D’un côté, le discours politiquement correct qui se résume à proclamer que tous les chômeurs sont des victimes innocentes de la crise et qu’ils se battent tous pour retrouver un emploi. D’un autre côté, le discours bienpensant néo-libéral qui affirme (en termes plus hypocrites) que les chômeurs sont globalement des fainéants et des profiteurs. On progresserait, si de part et d’autres, on osait exprimer certaines réalités.
Osons reconnaître qu’en Europe, il y a trop de gens qui préfèrent rester au chômage plutôt que de prendre un travail dur, incertain et mal payé. Osons aussi reconnaître que partout en Occident, la machine remplace l’homme . Osons voir que bien des grandes entreprises réduisent leur coût en personnel pour payer plus de dividendes à leurs actionnaires. Ayons aussi l’honnêteté de dire qu’il y a moins d’emplois disponibles. Tout récemment, pour 12 nouvelles fonctions à l’aéroport de Zaventem, il y a eu 3750 candidats ! Il faut donc encourager les demandeurs d’emploi à créer leur propre travail en facilitant encore plus la création de micro-entreprises. Or, en Belgique, on assomme de taxes les petits indépendants. Même débordés et épuisés, ces derniers hésitent à recruter tant le coût est élevé pour engager du personnel et la gestion administrative complexe. De plus, habitués au confort de notre société très protectrice, certains jeunes sont parfois trop exigeants pour un premier emploi. Aussi, les "tout juste diplômés" devraient être incités à accepter vite un travail, même très loin, même très pénible, même très éloigné de leur formation de base. Il est psychologiquement destructeur qu’un jeune en pleine santé touche de l’argent pour rester oisif. Mais ensuite, celui qui aurait accepté de travailler n’importe où, aurait la priorité à l’embauche dans son domaine d’étude face aux candidats qui ont choisi l’immobilisme. Or, certains emplois son "réservés" aux chômeurs et certains employeurs belges voient d’un mauvais œil le jeune courageux qui travaille en dehors du domaine de son diplôme.
Pour les hommes et les femmes expérimentés qui perdent leur emploi, il faudrait leur proposer encore davantage de formations de recyclage et de plans d’accompagnement individualisés. Une enquête récente montre que cela fonctionne plutôt bien. Il faudrait cependant augmenter le personnel affecté à cet encadrement. Pour les chômeurs plus âgés, il faudrait tenir compte des années de travail presté et de la pénibilité vécue. Par exemple, il est scandaleux que l’on oblige un maçon épuisé, qui a perdu son emploi après 35 ans de dur labeur, à retourner au travail dans le bâtiment. Par contre, il faudrait inciter tous les bénéficiaires d’allocations en bonne santé de prester de menus services à la collectivité. C’est psychologiquement plus digne et plus valorisant de sentir que la solidarité va dans les deux sens. Des chômeurs âgés pourraient être encouragés à garder les enfants des plus jeunes en recherche d’emploi. Ils pourraient organiser aussi du co-voiturage pour aider certains à retrouver un travail plus éloigné. Enfin, il convient de totalement revoir le partage du travail. Il est terrible de constater que les travailleurs sont de plus en plus stressés et surmenés tandis que d’autres dépriment en n’ayant pas de travail. Mais rien ne vous oblige à penser comme moi …